
L’urbanisation rapide a transformé les paysages naturels en surfaces artificielles imperméables, accentuant les problèmes de ruissellement, d’inondations et de pollution des eaux pluviales. Dans ce contexte, les espaces verts urbains apparaissent comme des infrastructures naturelles essentielles pour améliorer la gestion de l’eau. Ils jouent un rôle déterminant dans la filtration naturelle des eaux en ville, contribuant ainsi à une urbanisation plus durable.
Espaces verts : des filtres à ciel ouvert
Les sols végétalisés sont naturellement perméables. Ils facilitent l’infiltration des eaux pluviales, limitant ainsi le ruissellement en surface. Ce phénomène contribue à recharger les nappes phréatiques tout en filtrant les polluants grâce à l’action conjuguée de la microfaune, des racines et des matières organiques présentes dans le sol. Les espaces verts agissent donc comme un système épurateur naturel.
Ce principe de filtration est renforcé par la présence d’arbres et d’arbustes, qui favorisent l’infiltration de l’eau et la captation des polluants atmosphériques. Selon le rapport ASTERES pour l’UNEP, un arbre en bonne santé peut retenir jusqu’à 20 kg de poussières par an et piéger 7 000 particules par litre d’air.
Une réponse aux limites des infrastructures traditionnelles
Dans les centres urbains denses, les réseaux de collecte des eaux pluviales sont souvent sous-dimensionnés ou anciens. En cas de fortes pluies, ils sont rapidement saturés, provoquant des inondations et des rejets d’eaux non traitées dans le milieu naturel. En intégrant des surfaces végétalisées dans l’aménagement urbain (parcs, toitures végétalisées, jardins de pluie), les collectivités peuvent soulager leurs infrastructures et améliorer la qualité des eaux rejetées.
C’est dans cette logique que de nombreuses communes renforcent leur service des espaces verts pour garantir une gestion intégrée des eaux pluviales. Ce service joue un rôle stratégique non seulement dans la création d’espaces paysagers, mais aussi dans leur entretien, condition nécessaire à l’efficacité des dispositifs de filtration.
Une filtration efficace et multifonctionnelle
Au-delà de la seule gestion hydraulique, les espaces verts contribuent à la dépollution des eaux. Les sols végétalisés retiennent une grande partie des métaux lourds, hydrocarbures, azotes et phosphates contenus dans les eaux de ruissellement.
Certaines plantes, utilisées en phytoremédiation, présentent même une capacité spécifique à absorber les polluants, offrant une solution peu coûteuse et durable pour traiter localement les eaux. De telles approches sont d’autant plus pertinentes que les communes cherchent à réduire les coûts d’investissement et d’entretien des réseaux.
Vers une reconnaissance élargie du rôle des espaces verts
Les services rendus par les espaces verts, souvent perçus sous l’angle esthétique ou récréatif, doivent être appréhendés comme des fonctions à forte valeur ajoutée pour la ville. Leur contribution à la régulation des eaux, à la qualité de l’air, à la biodiversité et à la santé publique justifie une intégration systématique dans les projets d’urbanisme.
Les liens entre sol et eau sont profonds : un sol vivant filtre et purifie l’eau, tandis qu’un sol artificialisé accélère sa pollution. Face aux défis climatiques, à la pression foncière et à la fragilité des réseaux d’assainissement, les espaces verts offrent des solutions durables, à la fois naturelles et adaptatives. Encore faut-il que les stratégies locales leur accordent la place qu’ils méritent, au croisement de l’urbanisme, de l’écologie et de la gestion des services publics.